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Interviewsmust

MARIO GANDOLFO, la passion de l’élevage et de la sélection.

Par 12 octobre 2024novembre 1st, 20242 Commentaires

MARIO GANDOLFO et les FRANCHES MONTAGNES

               Connaître Mario Gandolfo, c’est connaître un grand passionné, et c’est faire immersion dans le monde du Franche Montagne. C’est une longue aventure jusqu’au titre de Champion du Monde solo 2024 au Haras du Pin. Il est membre du Comité de la Fédération Suisse du Franche Montagne. Il a été élu en 2023 pour un mandat de douze ans. Très actif dans l’élevage, il fait du commerce de chevaux.

          Il a débuté comme employé pendant six ans chez Beat Schenck meneurs international à deux chevaux que l’on connait bien.

          Installé tout près de Belfort dans le Jura Suisse, Mario Gandolfo est dentiste équin, et dirige un centre de formation de jeunes chevaux. Il débourre, monté et attelé, une quarantaine de chevaux sur l’année.

   

  Mais c’est incontestablement l’élevage du cheval Franches Montagnes qui va occuper notre discussion, Mario étant lui-même éleveur, mais aussi un expert de la race comme on va le découvrir. Intarissable sur le sujet, vous allez savoir le pourquoi du comment, la race d’un petit cheval a été sauvé par des visionnaires de génie, petit cheval devenue aujourd’hui très recherché par les meneurs amateurs, petit cheval aujourd’hui Champion du monde encore une fois.

          Sur les photos reçues afin d’illustrer l’interview la présence de ses deux garçons accompagne les chevaux. Le Franche Montagne est une affaire de famille, dès le plus jeune âge les guides sont en main, la fierté de côtoyer plus grand et plus fort que soi, les sourires sont permanents, la joie est immense.

 

À gauche Mario caressant un poney, la photo centrale Gabin aux guides d’un poney, à droite Mattew et Gabin avec un étalon FM reproducteur

        LE FRANCHE MONTAGNE

          Le franche montagne est un cheval de petite taille 1,50 m à 1,60m, énergique, doté d’un bon mental. Il fait l’objet d’une sélection rigoureuse.

 

A gauche une fille de Favéla tenue en main par un fils de Mario à droite Favéla     

          Mario Gandolfo: « il y a toujours eu des Franches Montagnes dans la famille, nous faisions naître un poulain de temps en temps. Aujourd’hui je suis installé comme éleveur depuis une douzaine d’années. Le Franche Montagne est une des races d’Europe les plus sélectionnées.

         C’est la Fédération suisse du Franches Montagnes  (Freibergerverband) qui veille à la bonne évolution de la race. La sélection est très rigoureuse, pour la sélection des étalons (je suis un éleveur d’étalons), la sélection est unique en Europe. Elle se passe en deux phases. La première se déroule à Glovelier le deuxième week-end de janvier, on y juge la conformation du cheval, son type, et ses allures en main au pas et au trot. Sur une cinquantaine de candidats, seulement une quinzaine sont retenus après avoir également confronté les origines afin d’élargir la base génétique.

 

          La seconde phase de sélection se situe au haras national d’Avenches. Les candidats y resteront 40 jours, ils seront travaillés, attelés et montés tous les jours et notés. Au bout des 40 jours, vient le test final, avec des meneurs et des cavaliers neutres pour les noter de nouveau. La notation du caractère est une note très importante. Un cheval qui a un bon pas pour tirer la voiture à un bon caractère, un cheval qui a de l’amplitude au trot a aussi bon caractère, il prend le temps de poser ses membres.

          Les notes comptent pour 40 %, et les tests pratiques pour 60 %. Le tiers des candidats est alors éliminé. Sur les 50 chevaux de départ il en reste 10 à 12. Viennent ensuite les tests médicaux, sanguins, radios. Le Franche Montagne à une très bonne santé, les jeunes qui ne répondent pas aux critères de santé sont écartés. Évidemment il faut savoir pour un éleveur ne pas être trop sentimental. En Suisse un cheval qui part à la boucherie rapporte de l’argent à son éleveur tout autant qu’un cheval qui part pour une carrière de compétition. Cette situation permet une forte sélection pour les éleveurs. Un cheval qui a des problèmes de sabots, une dermite estivale ou autre chose est écarté. La Suisse ne produit en viande de boucherie que 1 % de sa consommation.

Cashmir de Chatigani étalon reproducteur, sa mère est la sœur de Favéla

2024 sélection des étalons à Avenches

A gauche El Feugo frère de Favéla à droite Cashmir de Chatgani neveu de Favéla

          J’ai gagné cette année, et c’est je crois la première fois que cela arrive, la sélection des étalons de Glovelier, celle d’Avenches, le classement combiné avec deux chevaux différents. Tous les chevaux sont de la même lignée celle de Favela, aujourd’hui Championne du Monde.

          Nous avons en Suisse un très bon circuit jeunes chevaux. Il y a les trois ans, les 4 et 5 ans qui sont jugés ensemble, les 6 et 7 ans ensemble également. Il y a une trentaine de participants par catégorie, beaucoup de meneurs internationaux sont là… Le niveau est très relevé, seulement des Franches Montagnes ou des demi-sang suisses.

          La grande force que nous avons eue, c’est la vision de nos ancêtres à l’arrivée du tracteur dans les fermes. Au début les éleveurs de Franches Montagnes se sont dits, « il faut concurrencer les tracteurs, et alourdir les chevaux ». Mais ils ont rapidement vu que le tracteur remplaçait le cheval, et que cette concurrence ne servait à rien. Aussi ont-ils décidé d’orienter la race vers le cheval de loisir, ce que beaucoup de races n’ont pas fait. Ils ont trop attendu et ce faisant ils ont perdu beaucoup. Nos éleveurs ont tout de suite mis l’accent sur l’amélioration du caractère, du galop, son aptitude à l’apprentissage. La multiplication des croisements ont dégagé de bonnes lignées, bien sûr il y a eu des échecs, mais cela a été payant sans temps de perdu, et on a le cheval que l’on a aujourd’hui. La priorité c’est d’avoir une vision de cheval de loisir, la compétition, le haut niveau, se fera par la sélection des meilleurs, nous ne cherchons pas à fabriquer par priorité un cheval de sport.

        COMPÉTITIONS, SÉLECTIONS aux COMPÉTITIONS INTERNATIONALES, QUESTION POSÉE  ….

          Mario Gandolfo : « la sélection pour le championnat du monde est faite par une Commission de sélection composée de cinq à sept membres: le vétérinaire de l’équipe Suisse, le chef d’équipe, des membres du comité attelage de la fédération, un membre du bureau de la Fédération, un juge.

         

                             Saumur 2024 photo Marie de Ronde                                             Stadel Paura  photo Brigitte Gfeller 

 

Favéla au Haras du Pin en 2022

          La Commission se base sur les résultats de la saison, sur l’ensemble des performances, sur les entraînements officiels qui ont lieu deux ou trois fois par an, sur le respect des entraînements et des concours obligatoires comme la participation au Championnat Suisse. Nous appelons cela la “Convention des cadres”. Sans respect de la Convention des cadres, un meneur ne peut pas être inscrit dans l’équipe Suisse, il peut toutefois être sélectionné comme compétiteur individuel. Cela a été le cas cette année pour Werner Ulrich qui a fait le championnat à deux chevaux et pas en solo.

En stage avec Koos de Ronde (Ned) qui est entraîneur de l’équipe Suisse

       LES COMPÉTITIONS et FAVELA

          La première compétition internationale de Mario est datée de 2013 à Altenfelden, c’était avec un demi sang hollandais.

          Favela (FM) est née  en 2014. En 2021 elle termine 13e au Haras du Pin, puis 11e en 2022  au Championnat du Monde toujours au Haras du Pin.

               1ere victoire à Windsor 2023 devant Marie Schiltz, et Tara Wilkinson (Gbr). Kelly Bruder (Can) avec Flip a abandonné au marathon.

          2024 au Championnat du Monde après un très bonne préparation, le dressage est maitrisé à 54,9 pts, Favéla remporte le marathon, termine sans faute à la maniabilité, Mario est Champion du Monde et l’équipe suisse monte sur la 3 ème marche du podium.

Jean Froideveaux

Mario Gandolfo: « Favela est une jument née chez Jean Froideveaux. J’ai commencé ma carrière d’éleveur avec son frère Pierre André, qui m’a transmis la passion de l’élevage et de la sélection. Favéla est issue d’une très belle lignée elle est fille de Flamme.Pierre-Andréé la prise chez lui à l’âge de six mois, il l’a élevé jusqu’à l’âge de trois ans, je l’ai débourrée, j’ai vu qu’elle avait un beau potentiel, je l’ai donc achetée. Elle a fait un poulain à 4 ans. Après un peu de travail, nous l’avons engagé dans les compétitions jeunes chevaux. Elle a gagné les finales Suisse à trois ans, quatre, cinq et six ans! À six ans elle a fait son premier championnat Suisse qu’elle a gagné. 

1er Championnat Suisse , Mario, Favéla, Léa 

          Ensuite il y a eu le Pin… Elle y a fait son premier marathon, elle a terminé troisième de cette épreuve. Je crois qu’il est très important de former très tôt les chevaux, je veux dire que c’est mieux de les former que d’acheter des chevaux ayant déjà un vécu que l’on ne connaît pas.

          Favela est une jument un peu timide et discrète à la maison. Elle va au paddock avec les autres chevaux, l’hiver est dans une stabilisation avec le poney des enfants, elle a une vie de cheval, à l’extérieur avec les autres chevaux. Je suis convaincu que la vie en extérieur fait la différence, en particulier sur les marathons, ça ne se passe plus au niveau des muscles mais au niveau de la tête. Dans des situations difficiles, les chevaux d’extérieur peuvent encore “donner” à l’inverse des chevaux élevés au box. Le parc de mes chevaux est un grand verger de plusieurs hectares, très vallonné. Les chevaux y galopent montent et  descendent à travers les arbres, ils se font naturellement les muscles, ils s’équilibrent naturellement.

               L’avenir c’est peut-être Lemmy K 7 ans, qui vient déterminer troisième au championnat du monde des jeunes chevaux à Lamotte-Beuvron. Il a déjà gagné à cinq ans et six ans ce même championnat. Le cheval a été vendu une meneuse belge à l’âge de trois ans. Il a été remis au travail chez moi à l’âge de cinq ans. Il a beaucoup de potentiel, l’année prochaine il participera aux compétitions avec sa propriétaire, j’en suis convaincu.

          J’aime beaucoup préparer les jeunes chevaux pour le haut niveau mais on ne peut pas tous les conserver. J’ai plusieurs chevaux en préparation, mais il faut vendre aussi les bons chevaux, je pense aussi à la relève de Favela qui fera certainement une bonne jument d’élevage chez moi !

         Johnson du Signal qui a fait 3 ème à Lamotte l’année passée et gagné le deux étoiles de Chablis cette année pourrait faire la relève de Favela, mais si l’on me donne le prix que j’en veux… Je vis de ça, et pour en vivre il faut savoir vendre les bons chevaux.

          LE CHAMPIONNAT DU MONDE 2024 AU HARAS DU PIN

          Au Championnat du Monde au Haras du pin en 2024, la Suisse fête la cérémonie d’ouverture avec les traditionnelles cloches que les fermiers mettent au cou des vaches.

          À gauche de Mario, Kilian Jaunin, un ancien groom mais aussi un ami qui vient donner un coup de main sur les concours. Derrière avec le drapeau, les responsable des meneurs du Haras National  Léonhard Rish, meneur d’un étalon FM au Pin.  

      La suite on la connait, le reportage c’est ici

      LES RELATIONS AVEC LES MENEURS FRANÇAIS, QUESTION POSÉE…

          Mario Gandolfo : « j’ai de bons contacts avec Marion Vignaud, j’ai fait des stages à Chablis avec Sébastien Goyenheix. Je suis bon copain avec Clément Deschamps qui est ambassadeur du Franche Montagne dans sa région, tout comme Claire Lefort. J’ai aussi vendu des FM à des clients de Louise Fillon Je suis aussi un bon copain de Tony Ecalle.

          Je fais commerce avec beaucoup de meneurs français, je crois qu’ils sont très contents des chevaux qui sont arrivés chez eux.

          Nous terminons cette agréable interview avec une petite remarque taquine, malicieuse et railleuse à mon encontre :

          Mario Gandolfo : « vous vous êtes bien trompé dans vos pronostics sur le Championnat du Monde ! Et si Mickaël Barbey n’avait pas versé au marathon, l’équipe Suisse serait championne du monde ! ».

          Nous échangeons alors sur les différentes équipes européennes, et je réserve pour moi, une réponse qui va de soi : si Tony Ecalle n’avait pas pris 20 points de pénalités…

          Bref, on aime la Suisse, ses meneurs, les FM, le chocolat, les bonbons Ricola, et les banquiers !

          © JCG/attelages.org

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