MARIO GANDOLFO et les FRANCHES MONTAGNES
Connaître Mario Gandolfo, c’est connaître un grand passionné, et c’est faire immersion dans le monde du Franche Montagne. C’est une longue aventure jusqu’au titre de Champion du Monde solo 2024 au Haras du Pin. Il est membre du Comité de la Fédération Suisse du Franche Montagne. Il a été élu en 2023 pour un mandat de douze ans. Très actif dans l’élevage, il fait du commerce de chevaux.
Il a débuté comme employé pendant six ans chez Beat Schenck meneurs international à deux chevaux que l’on connait bien.
Installé tout près de Belfort dans le Jura Suisse, Mario Gandolfo est dentiste équin, et dirige un centre de formation de jeunes chevaux. Il débourre, monté et attelé, une quarantaine de chevaux sur l’année.
Mais c’est incontestablement l’élevage du cheval Franches Montagnes qui va occuper notre discussion, Mario étant lui-même éleveur, mais aussi un expert de la race comme on va le découvrir. Intarissable sur le sujet, vous allez savoir le pourquoi du comment, la race d’un petit cheval a été sauvé par des visionnaires de génie, petit cheval devenue aujourd’hui très recherché par les meneurs amateurs, petit cheval aujourd’hui Champion du monde encore une fois.
Sur les photos reçues afin d’illustrer l’interview la présence de ses deux garçons accompagne les chevaux. Le Franche Montagne est une affaire de famille, dès le plus jeune âge les guides sont en main, la fierté de côtoyer plus grand et plus fort que soi, les sourires sont permanents, la joie est immense.
À gauche Mario caressant un poney, la photo centrale Gabin aux guides d’un poney, à droite Mattew et Gabin avec un étalon FM reproducteur
LE FRANCHE MONTAGNE
Le franche montagne est un cheval de petite taille 1,50 m à 1,60m, énergique, doté d’un bon mental. Il fait l’objet d’une sélection rigoureuse.
A gauche une fille de Favéla tenue en main par un fils de Mario à droite Favéla
Mario Gandolfo: « il y a toujours eu des Franches Montagnes dans la famille, nous faisions naître un poulain de temps en temps. Aujourd’hui je suis installé comme éleveur depuis une douzaine d’années. Le Franche Montagne est une des races d’Europe les plus sélectionnées.
C’est la Fédération suisse du Franches Montagnes (Freibergerverband) qui veille à la bonne évolution de la race. La sélection est très rigoureuse, pour la sélection des étalons (je suis un éleveur d’étalons), la sélection est unique en Europe. Elle se passe en deux phases. La première se déroule à Glovelier le deuxième week-end de janvier, on y juge la conformation du cheval, son type, et ses allures en main au pas et au trot. Sur une cinquantaine de candidats, seulement une quinzaine sont retenus après avoir également confronté les origines afin d’élargir la base génétique.
La seconde phase de sélection se situe au haras national d’Avenches. Les candidats y resteront 40 jours, ils seront travaillés, attelés et montés tous les jours et notés. Au bout des 40 jours, vient le test final, avec des meneurs et des cavaliers neutres pour les noter de nouveau. La notation du caractère est une note très importante. Un cheval qui a un bon pas pour tirer la voiture à un bon caractère, un cheval qui a de l’amplitude au trot a aussi bon caractère, il prend le temps de poser ses membres.
Les notes comptent pour 40 %, et les tests pratiques pour 60 %. Le tiers des candidats est alors éliminé. Sur les 50 chevaux de départ il en reste 10 à 12. Viennent ensuite les tests médicaux, sanguins, radios. Le Franche Montagne à une très bonne santé, les jeunes qui ne répondent pas aux critères de santé sont écartés. Évidemment il faut savoir pour un éleveur ne pas être trop sentimental. En Suisse un cheval qui part à la boucherie rapporte de l’argent à son éleveur tout autant qu’un cheval qui part pour une carrière de compétition. Cette situation permet une forte sélection pour les éleveurs. Un cheval qui a des problèmes de sabots, une dermite estivale ou autre chose est écarté. La Suisse ne produit en viande de boucherie que 1 % de sa consommation.
Cashmir de Chatigani étalon reproducteur, sa mère est la sœur de Favéla
2024 sélection des étalons à Avenches
A gauche El Feugo frère de Favéla à droite Cashmir de Chatgani neveu de Favéla
J’ai gagné cette année, et c’est je crois la première fois que cela arrive, la sélection des étalons de Glovelier, celle d’Avenches, le classement combiné avec deux chevaux différents. Tous les chevaux sont de la même lignée celle de Favela, aujourd’hui Championne du Monde.
Nous avons en Suisse un très bon circuit jeunes chevaux. Il y a les trois ans, les 4 et 5 ans qui sont jugés ensemble, les 6 et 7 ans ensemble également. Il y a une trentaine de participants par catégorie, beaucoup de meneurs internationaux sont là… Le niveau est très relevé, seulement des Franches Montagnes ou des demi-sang suisses.
La grande force que nous avons eue, c’est la vision de nos ancêtres à l’arrivée du tracteur dans les fermes. Au début les éleveurs de Franches Montagnes se sont dits, « il faut concurrencer les tracteurs, et alourdir les chevaux ». Mais ils ont rapidement vu que le tracteur remplaçait le cheval, et que cette concurrence ne servait à rien. Aussi ont-ils décidé d’orienter la race vers le cheval de loisir, ce que beaucoup de races n’ont pas fait. Ils ont trop attendu et ce faisant ils ont perdu beaucoup. Nos éleveurs ont tout de suite mis l’accent sur l’amélioration du caractère, du galop, son aptitude à l’apprentissage. La multiplication des croisements ont dégagé de bonnes lignées, bien sûr il y a eu des échecs, mais cela a été payant sans temps de perdu, et on a le cheval que l’on a aujourd’hui. La priorité c’est d’avoir une vision de cheval de loisir, la compétition, le haut niveau, se fera par la sélection des meilleurs, nous ne cherchons pas à fabriquer par priorité un cheval de sport.
COMPÉTITIONS, SÉLECTIONS aux COMPÉTITIONS INTERNATIONALES, QUESTION POSÉE ….
Mario Gandolfo : « la sélection pour le championnat du monde est faite par une Commission de sélection composée de cinq à sept membres: le vétérinaire de l’équipe Suisse, le chef d’équipe, des membres du comité attelage de la fédération, un membre du bureau de la Fédération, un juge.
Saumur 2024 photo Marie de Ronde Stadel Paura photo Brigitte Gfeller
Favéla au Haras du Pin en 2022
La Commission se base sur les résultats de la saison, sur l’ensemble des performances, sur les entraînements officiels qui ont lieu deux ou trois fois par an, sur le respect des entraînements et des concours obligatoires comme la participation au Championnat Suisse. Nous appelons cela la “Convention des cadres”. Sans respect de la Convention des cadres, un meneur ne peut pas être inscrit dans l’équipe Suisse, il peut toutefois être sélectionné comme compétiteur individuel. Cela a été le cas cette année pour Werner Ulrich qui a fait le championnat à deux chevaux et pas en solo.
En stage avec Koos de Ronde (Ned) qui est entraîneur de l’équipe Suisse
LES COMPÉTITIONS et FAVELA
La première compétition internationale de Mario est datée de 2013 à Altenfelden, c’était avec un demi sang hollandais.
Favela (FM) est née en 2014. En 2021 elle termine 13e au Haras du Pin, puis 11e en 2022 au Championnat du Monde toujours au Haras du Pin.
1ere victoire à Windsor 2023 devant Marie Schiltz, et Tara Wilkinson (Gbr). Kelly Bruder (Can) avec Flip a abandonné au marathon.
2024 au Championnat du Monde après un très bonne préparation, le dressage est maitrisé à 54,9 pts, Favéla remporte le marathon, termine sans faute à la maniabilité, Mario est Champion du Monde et l’équipe suisse monte sur la 3 ème marche du podium.
Jean FroideveauxMario Gandolfo: « Favela est une jument née chez Jean Froideveaux. J’ai commencé ma carrière d’éleveur avec son frère Pierre André, qui m’a transmis la passion de l’élevage et de la sélection. Favéla est issue d’une très belle lignée elle est fille de Flamme.Pierre-Andréé la prise chez lui à l’âge de six mois, il l’a élevé jusqu’à l’âge de trois ans, je l’ai débourrée, j’ai vu qu’elle avait un beau potentiel, je l’ai donc achetée. Elle a fait un poulain à 4 ans. Après un peu de travail, nous l’avons engagé dans les compétitions jeunes chevaux. Elle a gagné les finales Suisse à trois ans, quatre, cinq et six ans! À six ans elle a fait son premier championnat Suisse qu’elle a gagné. |
Superbe article. Merci
Merci Berrichon
Je confirme, un contact intéressant , dialogues partagés avec Mario Gandolfo. On ne fait pas un interview “correct” sans un interlocuteur de qualité. Votre compliment revient aussi à Mario.