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Dressage, l’Ecole des Sensations

By 14 novembre 2024No Comments

 Ce meneur devait percevoir, il y a quelques instants, de belles sensations si l’on en juge par l’attitude de son cheval. Les sensations qui vont suivre seront certainement moins agréables !

Dessin Bruno de la Pintière, A cheval sur les principes.

               L’école des sensations

         L’équitation est un sport de sensations. Cavaliers ou meneurs réagissent, ou devraient réagir, aux moindres informations transmises par le cheval. C’est par l’ensemble de leur corps que le cavalier tout comme le cheval reçoivent et émettent des informations. Ce n’est jamais un message simple qui est véhiculé mais au contraire, un message complexe, multifactoriel et multimodal. Aussi, n’est-il pas si évident d’isoler l’élément qui est à la fois pertinent et utile.

         Contrairement au cavalier, le meneur ne dispose que de peu de récepteurs pour apprécier son cheval et remédier à une détérioration quelle qu’elle soit : de la locomotion, de l’équilibre,… Parmi ces récepteurs, les plus importants sont les mains, en particulier les doigts, et les yeux. J’y ajouterai les oreilles, lorsque la qualité du sol est propice au retour d’informations, car le son qui nous parvient des battues du cheval sur un sol dur est riche de renseignements.

         Avoir développé ses récepteurs de sensations, c’est avoir enrichi ses outils de “dresseur” ou de compétiteur. Certains sont naturellement plus riches que d’autres dans cette faculté de percevoir les états physiques et mentaux du cheval. Il y a toujours eu, et il y aura toujours, des cavaliers et des meneurs particulièrement sensibles et réceptifs. A toutes les époques, cavaliers ou meneurs ont cherché dans les livres les traductions ou modes d’emploi d’un décodeur de ces sensations.

Personnellement, je pense que l’on ne peut être un dresseur si l’on n’a pas une bonne connaissance de la biomécanique du cheval. La compréhension de cette biomécanique du cheval est la base de tout travail. Elle s’apprend  dans les livres pour la théorie, et avec un expert pour la pratique. C’est ce dernier qui en fera découvrir toutes les subtilités, et là, la route est très très longue si l’on veut aller loin. Il faut avoir acquis un gros portefeuille  de sensations et de techniques pour accéder au plus haut niveau.

A haut niveau, le cavalier est un véritable centaure, il est au cœur du cheval qu’il mobilise à sa guise. Le meneur aussi est un centaure, mais à distance, au cœur du ou des chevaux par le seul lien des guides. Si le cavalier a l’intelligence des fesses, le meneur, lui, a l’intelligence des mains.

Tout un symbole, ce dessin de Bruno de la Pintière ! (A cheval les Centaures)

                 L’un des premiers contacts du débutant est l’appui du mors dans la bouche du cheval. C’est l’apprentissage de la conduite. Plus tard viendra la recherche des sensations nécessaires au dressage: cadence, rythme, amplitude, régularité…

         La technique du cavalier ou du meneur, aide à la découverte des sensations. Pour découvrir les bonnes  sensations ” celles qui seront les messagers et le miroir instantanés du  déplacement du cheval “, le cavalier et le meneur devront disposer d’une bonne technique dans l’emploi des aides.

         Ces sensations, cavaliers et meneurs  doivent les analyser, les décrypter, et les transformer en actions positives sur le cheval.

Technique > Sensations> Analyses>Réactions>Sensations>Technique…

         Une technique maîtrisée liée aux sensations sera donc efficace et appropriée pour influer sur l’équilibre, sur la proprioception, sur la locomotion…  ce qui est, ne l’oublions pas,  le but du dressage. But auquel il faut ajouter la soumission.

La technique est indispensable pour obtenir l’engagement de ce postérieur. Le cavalier averti saura juger, par ses sensations, de la qualité du mouvement.

               Avoir des acquis techniques et des sensations ne suffit pas, encore faut-il avoir une  conscience juste du but recherché, de la cible et du bout du chemin, la perfection. Cette dernière a malheureusement pour mauvaise habitude de nous donner l’impression que nous nous éloignons au fur et à mesure que nous avançons …

         Avoir conscience du but recherché ne suffit pas, encore faut-il avoir la connaissance d’une bonne méthodologie de progression dans l’éducation du cheval. Cela ne s’invente pas, cela s’apprend.

         Depuis toujours, autour des carrières de dressage, on peut  constater par exemple, sur tel ou tel cheval, les mêmes défauts d’un concours à l’autre, d’une année à l’autre… Comment cela se peut-il si ce n’est, pour une grande part, en raison de l’absence de sensation, de technique, et de conscience du but à atteindre ?

           Les conditions d’amélioration des sensations

         Une bonne condition physique, un état mental armé par la sophrologie ou la préparation mentale, aident au recueil des sensations. La bonne position sur le cheval ou sur le siège de la voiture, le regard circulaire, le liant, aideront à l’amélioration de la perception des sensations et aideront à la réponse des mains.

Les mains le point final du tact et des sensations

         Avoir une bonne main… Nos maîtres nous ont enseigné que les qualités d’une bonne main sont la fixité, la légèreté, la douceur et la fermeté. De la qualité des sensations recueillies par le meneur dépendra l’action de ses mains. Elles seront d’autant plus efficacement comprises  et acceptées par le cheval qu’elles seront précises, répétitives et justement appropriées…. car le cheval dispose de récepteurs de sensations autrement plus sensibles que ceux des cavaliers et meneurs!

         “La main légère marque le simple contact avec la bouche du cheval. La main douce donne le soutien. La main ferme donne un appui franc et décidé. Elle doit savoir résister avec autorité, et céder dès que la résistance a disparu. Le tact équestre consiste à choisir, par la réflexion, les aides déterminantes et les aides régulatrices. » Lt Col Aublet

Jean d’Orgeix à Saumur. Elève au simulateur

                 Le bon entraîneur est celui qui saura trouver les moyens de faire percevoir des sensations nouvelles à son élève, pour lui permettre de mieux éduquer, améliorer et présenter son cheval. De ces sensations nouvellement acquises, s’ouvriront de nouvelles portes si le coach y associe apports techniques et théoriques. Acquérir des sensations c’est bien, mais elles doivent s’accompagner d’une explication théorique pour la compréhension de la biomécanique… qui engendrera un peu plus tard de nouvelles sensations et de nouvelles techniques !  Savoir ce que l’on fait et ce sur quoi l’on agit, n’est-ce pas la moindre des choses?

         L’idéal est évidemment que le coach puisse mettre son élève en situation de réception d’informations nouvelles avec un cheval dressé. Ce n’est pas toujours réalisable.

         Le coach qui prend les guides de son élève, peut évidemment lui retourner ainsi l’image positive recherchée et permettre à l’élève une prise de conscience. Mais l’élève n’aura pas pour autant acquis la technique, tout juste aura-t-il eu la confirmation de ses difficultés !

         De même le coach qui monte le cheval de son élève avant la compétition pour le mettre « dans le moule », ou le coach qui prend les guides dans ces conditions de compétition,  ne peut que pallier à une situation sans grand intérêt pour l’avenir du cheval et du meneur.

             Mais ce n’est que mon avis….

         Conclusion

         Quoi de mieux pour conclusion, que d’emprunter les  quelques lignes de Pierre Chambry tirées de son livre Allures et Sentiment :    ” La connaissance des allures du cheval préside à toute bonne équitation … le sentiment des mouvements, la justesse de l’emploi des aides … le tact est un sentiment sublime….”

© JCG/attelages.org

Dessins de Bruno de la Pintière: A cheval sur les Principes et A cheval les Centaures Editions de Bonnefonds

Allures et sentiment – Pierre Chambry Ecuyer -professeur  Editions Maloine.

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