Article diffusé le 19/11/2021
Faisant suite à la présentation du livre de Gustav Steinbrecht ” Le Gymnase du Cheval”, je vous livre quelques extraits de son chapitre sur “Le placer artificiel du cheval”, qui je trouve résume et précise assez bien la philosophie de l’auteur ” monte ton cheval en avant et droit “ et viendra alors, si j’ose dire, le placer artificiel du cheval, conséquence de la participation du dos du cheval.
Evidemment l’exigence du dresseur doit être proportionnée et progressive, il ne faut jamais l’oublier ! Le tact du dresseur participe pour beaucoup à la réussite de l’entreprise.
A la fin de ce résumé, Tony Ecalle actif pratiquant de la méthode nous donne ses observations pour le cheval d’attelage.
Les mots soulignés sont de mon fait, afin de signaler si besoin, l’importance de ceux ci.
JCG
Le Placer artificiel du cheval (extraits)
Gustav Steinbrecht – Le Gymnase du Cheval
Pour obtenir le placer artificiel recherché et pour le confirmer, il faut soumettre le cheval à de multiples exercices, au cours desquels les différentes parties de son corps sont sollicitées, mobilisées, et, en même temps, éduquées en vue de leur juste accord. Ce placer qui conditionne l’équilibre ou, plus encore, permet de charger plus fortement l’arrière-main, je l’appelle artificiel, parce que l’art équestre seul peut amener le cheval de prendre à la volonté de son cavalier et à le maintenir pendant toute la durée des exercices, et dans la mesure qui lui sont prescrites par les aides.
Comme principes fondamentaux de l’art équestre, je clame aux oreilles de tout cavalier : « monte ton cheval dans le mouvement en avant et place le droit ».
Par « monter dans le mouvement en avant », je ne veux pas dire qu’il faut pousser le cheval aux allures les plus rapides et les plus étendus, mais bien plutôt que le cavalier, au cours de tous les exercices, doit prendre soin de maintenir en activité la force propulsif des postérieurs de telle sorte que non seulement dans le travail sur place, mais encore dans le mouvement en arrière, l’impulsion, c’est-à-dire la tendance à porter la charge en avant, reste effective.
En outre, j’entends par « placer droit du cheval » n’ont pas une attitude rigide, ne comportant aucune flexion, mais une orientation de son avant main sur les lignes à parcourir telle qu’en toutes circonstances, même lorsqu’il est fortement employé, et même dans le travail de piste, il précède, avec ses antérieurs, dans la direction à prendre des postérieurs, qui de leur côté suivent les premiers d’une passion absolue, en se portant dans le sens du mouvement, toujours vers l’avant et jamais vers le côté.
Le cheval est toujours plus étroit de poitrine que de hanches. Il y a faute, par conséquent de la part du cavalier s’il maintient la hanche et l’épaule extérieure du cheval à la même distance du garde botte, car il met ainsi de quelques centimètres de travers, position qui, à son tour, amoindrit nécessairement, d’une quantité correspondante, la force déployée par le postérieur du dedans. Si, au contraire, les épaules sont portées trop en dedans sans la flexion correspondante, il y a perte d’une partie de la force propulsive du postérieur du dehors, et cela d’autant plus que la poussée de ce dernier s’est écartée davantage de la direction du centre de gravité. Lorsqu’il décrit une ligne courbe, le cheval doit couvrir avec son corps une partie de cette ligne, c’est-à-dire être ployé autant que l’exige la courbure du cercle. C’est donc d’après la grandeur du cercle sur lequel se déplace le cheval qu’il faut régler le ploiement ; plus petit et le cercle plus accentué et le ploiement. Ce dernier pour ne pas troubler l’allure, doit s’étendre à toute la colonne vertébrale, laquelle constitue la base fixe ou s’attachent, soit directement, soit indirectement, les autres parties du squelette.
Quand la colonne vertébrale est suffisamment rompue à la flexion de côté, quand chaque postérieur par la pratique des lignes courbe, a été habitué à porter davantage de poids, quand les extenseurs de l’encolure ont été rendus flexibles et que la résistance de la nuque est éliminée, il y a lieu de commencer à charger les deux postérieurs à la fois. Alors l’encolure agit, pour ainsi dire comme un levier qui refoule le poids en arrière; plus elle se relève, plus l’effet de chargement sur l’arrière-main s’accentue. Seulement, il faut au cours de ce travail, adopter le principe suivant : ce poids supplémentaire, ne doit jamais en apporter la contrainte au postérieur, il faut que le cheval, en quelque sorte, aille lui-même le chercher. Il ne faut pas, en effet, que le cavalier commence par vouloir charger l’arrière-main en tirant sur les rênes ; il faut que ses aides propulsives déterminent les postérieurs à s’avancer davantage sous la masse et , ainsi, à se charger d’eux même, cependant que les mains reçoivent cette action en restant passives et empêchent par la le cheval de se jeter en avant, ou bien, par une intervention active, par ce que l’on appelle des arrêts, refoulent le poids vers l’arrière avec plus d’énergie encore, pour ployé les postérieurs engagés sous la masse. Le relèvement de l’avant main s’opère alors de lui-même, au fur et à mesure que l’arrière-main s’abaisse et se ploie.
C’est donc de par derrière qu’il faut commencer à charger l’arrière-main, en d’autres termes, a rassembler le cheval. Le cavalier, à cet effet, par une activité et une vigilance redoublée de ses jambes, sollicite les postérieurs à se porter en avant d’un mouvement vif et résolu, et il les maintient constamment dans une direction telle qu’ils agissent vers le centre de gravité de la masse.
Le travail de rassembler, c’est-à-dire du chargement et de la flexion des deux postérieurs, procure donc au cavalier l’occasion de confirmer le cheval dans l’obéissance à l’éperon ; car, avec ce dernier, il lui faut non seulement maintenir les postérieurs dans une égale activité mais encore surveiller sévèrement la piste suivie par le et ne pas leur permettre de s’en écarter d’une ligne.
Comme je l’ai déjà fait remarquer, le relèvement de l’avant main ne doit pas être arraché par la force ; mais, si l’action des jambes du cavalier est correcte le cheval l’effectuera de lui-même, en y cherchant tout d’abord un échappatoire ou un soulagement, lorsque poussé par derrière, il est retenu par devant et, de ce fait comprimé sur lui-même. Mais ce relèvement, il faut que le cavalier le règle et prête une attention rigoureuse à ce que la position de la tête par rapport à l’encolure soit juste. C’est l’appui uniforme et doux sur les rênes qui doit, en l’occurrence lui servir d’échelle. L’angle juste entre l’encolure et la tête n’a pas seulement pour but le juste effet du mors sur les barres, et par conséquent, l’appui désiré, mais encore il permet que l’impulsion produite par les postérieurs se propage à travers le dos et l’encolure jusqu’à la bouche et détermine le cheval à la flexion de mâchoire et à la session de nuque.
Gustav Steinbrecht
Le point de vue de Tony Ecalle, un adepte de l’Ecole allemande
” Rien n’est pire qu’un cheval que l’on ne peut toucher avec le fouet, que ce soit pour jouer de son impulsion, de son incurvation, de sa rectitude. Il faut amener très tôt le cheval à accepter le fouet, et à installer les codes qui permettront d’agir selon les circonstances.
Le cheval doit être réactif et répondre à la moindre sollicitation de demande de « mouvement en avant » du meneur. Ce dernier doit veiller à ce que son cheval soit constamment et psychologiquement dans le mouvement en avant, son arrière-main active, sans cependant chercher « à traverser la main du meneur », ce qui serait le signe d’une fuite en avant du cheval. Le meneur qui doit constamment retenir son cheval par des “ho”-“ho” n’est pas sur le bon chemin. Je préfère le meneur qui entretient l’activité de son cheval si besoin est, par un rappel de la voix ( du nom du cheval, un appel de longue…), ou du toucher du fouet.
Le meneur doit avoir les mains fixes, ne jamais tirer vers l’arrière, mais jouer de son corps et de ses épaules pour ralentir, rééquilibrer le cheval, ou le porter en avant par une avancée de quelques centimètres de ses mains et de la position de ses épaules.
Il faut travailler les transitions qui donneront de la souplesse aux allures, et à toute la ligne du dos jusqu’à la bouche du cheval.
La rectitude dans les brancards sur la ligne droite n’est normalement pas une grande préoccupation pour les meneurs. De plus la position du meneur permet une surveillance aisée. Cependant il faut veiller à la rectitude dans les transitions montantes et descendantes, ou dans les départs au galop. Sur la piste le cheval d’attelage est écarté du pare-botte ce qui est un avantage sur le cavalier.
Un principe, résister en attendant que le cheval cède sous l’effet du mouvement en avant dans la rectitude et non pas céder dès qu’il y a résistance.
Les meneurs hollandais sont de la même école que les principes préconisés par l’Ecole allemande”.
Jeune cheval au travail
Sur la photo du bas le cheval est plus en équilibre . Notez la différence de hauteur croupe/garrot et l’angle tête/encolure et l’orientation générale du cheval avec un abaissement plus marqué de la croupe par rapport à la photo de gauche… (mais ce n’est que mon avis!)
… mais attention ce ne sont que des photos, c’est dans le mouvement que l’on peut juger véritablement de l’équilibre du cheval .
© JCG / attelage.org