Skip to main content
Culturemust

Dans les bois de la Fa

By 21 août 20252 Comments

À Christian Depuille

            Alphonse Daudet posa un regard attendri sur un sous-préfet si contrarié d’avoir à prononcer un discours que nul ne lui avait préparé, qu’on l’avait retrouvé taquinant la rime vautré dans un bois de chênes verts, aidé en cela par les violettes, les boutons-d’or et les petits oiseaux. 

            Heureux homme…

Un sage.

Sage ?

            Dans le même ordre d’idées, nous eûmes au haras de Cluny, il y a longtemps déjà… un directeur qui portait beau dans sa tenue de cérémonie noire galonnée de rouge, et qui avait le verbe joliment troussé. 

Haras de Cluny

Sous son règne on marcha droit au haras, et quand il s’en alla vers de plus hautes fonctions, les bâtiments avaient repris cet air de jeunesse qu’ont toujours les vieillards quand on s’occupe bien d’eux.

            Il est cher à mon cœur, car dans l’indifférence où se bat pour survivre en France une discipline qui est particulièrement ardue, mais particulièrement belle aussi, l’attelage… il a donné de son temps, de ses moyens, de ses encouragements.

            Il avait une préférence affichée pour les pur-sang arabes. Il les montait d’ailleurs avec une modestie charmante, n’ignorant pas qu’il n’était pas un grand cavalier. 

            Il aimait à partir en balade avec eux, seul.

      Bingo, qui était ravissant, mais coquin, nous le fit choir une fois. Ramdam, qui était moins joli, mais plus sensible à la hiérarchie, lui, ne nous le débarqua jamais.

Bingo cheval arabe

            Il leur demandait de le conduire dans les bois de la Fa, en mai, surtout, quand le sol est jonché de muguet, rêver… oublier « Monsieur le directeur », et partager une complicité qui se passe de mots dans la sérénité des allées de bouleaux.

            Par leurs produits, Bingo et Ramdam étaient célèbres dans les haras. 

Alors, notre directeur, qui possédait un humour délicieux, ne manquait jamais, en les rendant aux écuries, de dire aux palefreniers que : 

L’imposture venait de chevaucher la renommée…

Christian Depuille montant Bingo (Collection Julie Wasselin-Degrange). 

“-“-“-“-“

ndlr: Christian Depuille a écrit quelques ouvrages avec Amandine Souvré, dont un livre sur le haras de Cluny et le cheval arabe. Il a dirigé le Haras de Cluny de 1987 à 1995.

Lors de sa période comme Directeur du Haras de Compiègne, il nous a  fait  une belle découverte  sur Youtube d’un carrick à pompe conservé au haras de Saint Lo.

2 Comments

  • juju juju dit :

    Eh bien, malgré les caprices d’internet , nous y sommes arrivés… c’est un de mes récits préférés ! Christian Depuille, de son temps à Cluny, a favorisé l’attelage, et aidés à organiser la Coupe Alpes Danube année 1990 qui se déroula sur les terres du Haras. Nous lui en sommes reconnaissants, et avons adoré son humour.
    Ce récit sous copyright est extrait de mon livre ” Sous le regard des chevaux ” édité à L’harmattan et préfacé par le général Durand.

  • @ Juju: A Compiègne il entretenait d’excellents rapports avec l’Association Régionale d’Attelage de Picardie. Il a également beaucoup oeuvré pour les concours d’endurance, son affection particulière pour le cheval arabe n’étant sans doute pas étrangère à cela.
    Ma chère Juju il ne faut pas que tu t’arrêtes à tes récits préférés ;-)))
    En effet il est bon de se rappeler les grandes heures de l’attelage, et de ceux qui y ont contribué, on aime aussi se rappeler les moment moins reluisants. , mais ce n’est que mon avis!

Leave a Reply