
Les Enganes (*) , à Lorenzo
Sansouire entre le ciel et l’eau où frémissent des salicornes argentées sous le vent.
Étangs couleur du temps où filent les nuages, où se noie un soleil orange, le soir, entre le sable et la terre, là-bas.
Terre fluide où se marient dans quelques pouces de profondeur l’eau douce et celle de la mer.
Près des Saintes… une lagune saumâtre telle que Venise a dû l’être avant que d’exister.
Que le vent qui s’enroule dans les herbes sauvages et s’échappe vers le large en frissonnantes risée.
Que des chevaux en liberté… qui dansent, qui jouent, qui se roulent, se coursent et s’affrontent debout, puis qui repartent au-delà du miroir dans des gerbes de verre, nous laissant vissés au sol, handicapés, paralysés, la gorge serrée par tant de beauté.
Des mendiants.
Renaître cheval dans les enganes… et se soumettre, se donner.
Comme deux coulées de lave se mêlent, fusionner avec lui, l’ange, au cœur de ses juments, comme un chef sur un bouclier… le porter debout, sans autre lien que la joie, la confiance, et l’emmener dans la mer galoper, tel Neptune, vers son royaume, à perte d’horizon.
Julie wasselin-Degrange
Extrait de son livre « Sous le regard des chevaux » édité à l’Harmattan, et préfacé par le général Durand.*
*Le général admirait Lorenzo…