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Dressagemust

Le travail du cheval d’attelage sous la selle

By 14 décembre 2024No Comments

« Fahrpferde unter dem Sattel » par Sabine Heüveldop   Traduction de Brigitte Heyne

         Il y a des chevaux d’équitation et il y a des chevaux  d’attelage. Mais il y a aussi des chevaux d’attelage montés, et l’entraînement « pointu » sous la selle semble être le secret de quelques meneurs de concours couronnés de succès. Les chevaux du néerlandais Ysbrand  Chardon sont par exemple montés à haut niveau, comme ceux de Mikaël Freund ou encore  du meneur à 4 poneys Dirck Gerkens qui à depuis quelques temps orienté sa carrière vers les chevaux.

         Le cheval d’attelage est un cheval complet donc soumis à de nombreuses difficultés : le dressage, le marathon et la maniabilité. Ainsi le sports d’attelage ne demande pas seulement de la condition physique, mais aussi de la disponibilité psychique de la part du cheval.

         A tord on pense souvent dans les milieux équestres que le cheval qui n’est pas doué sous la selle peut trouver une carrière dans l’attelage, ou encore qu’un cheval d’attelage devient raide  et moins flexible qu’un cheval sous la selle.

         La qualité des chevaux d’attelage s’est de plus en plus améliorée dans les 10 dernières années. Autrefois l’on attelait des chevaux de trait, aujourd’hui les chevaux sont plus légers, ont plus de sang dit l’expert d’attelage R. Temporini.

         Lui aussi conseil de monter les chevaux en complément d’entraînement afin de compenser les déficiences du travail à la voiture et améliorer également l’entraînement du cheval.

         Le cavalier assis sur le cheval peut agir directement par son assiette, ses jambes et soutenir son cheval. Le meneur lui n’agit qu’à partir de son siège de voiture au moyen des guides. En montant,  flexibilité et incurvations des 2 côtés, ainsi que la réactivité du cheval sont sollicités. Un travail correct  de dressage sous la selle favorise le développement de la musculature de l’encolure, du dos, des tendons et ligaments. Le tout est fortifié, force de propulsion et réactivité sont augmentés.

         Malgré toutes les différences entre l’équitation et l’attelage, il y a un grand lien : le schéma de formation (dressage). Ce schéma est d’égale importance entre le cheval d’attelage et d’équitation concernant sa santé et sa force de travail. Tact, cadence, flexibilité, mise en main, impulsion, et rassemblé sont la progression d’un d’une formation (d’un dressage) bien construit et d’un entraînement réussi.

         LA CADENCE  se trouve tout en haut de l’échelle de formation pour tous les chevaux. Seuls les chevaux souples peuvent aussi progresser selon le schéma de formation. Les chevaux doivent avancer de manière souple et en cadence. Ainsi ils cherchent eux-mêmes l’appui désiré sur le mors et peuvent se mouvoir dans une bonne attitude. Du mouvement dans l’impulsion est désiré dans les 2  disciplines. A l’attelage il ne faut pas négliger la rectitude car à la longue les chevaux traversés subissent une charge unilatérale qui peut provoquer des problèmes de santé. Il faut du rassemblé aussi bien en équitation qu’en attelage, mais le rassemblé demandé  en attelage est moins important.

               Travail de dressage avec le cheval d’attelage

         L’organisation d’une heure de dressage pour le cheval monté ou d’attelage se ressemblent. Au début la phase d’échauffement, puis assouplissement, puis le travail , la leçon proprement dite. L’heure se termine par la phase de détente. Chaque leçon est choisie selon le but à atteindre : amélioration de la flexibilité du cheval attelé par exécution des ½ tours serrés et petites voltes sous la selle. Ce faisant les possibilités d’aides directes par le poids du cavalier et les jambes sont particulièrement appréciables. Les aides doivent être réduites par la suite car en attelage les aides de la voix , jointes aux guides et au fouet doivent agir. Les changements trot-pas  et galop-pas sont plus faciles montés que devant la voiture et favorisent la réactivité du cheval. Devant la voiture les départs au galop du pas chargeraient  plus la musculature et les articulations à cause du poids de la voiture et du tirage de celle-ci.

         Dans une heure de dressage sous la selle le cheval d’attelage peut s’entraîner dans différentes leçons sans avoir à fournir une force de traction. Avec un bon cavalier, bien des chevaux d’attelage arrivent plus vite à la bonne flexibilité que devant la voiture.

         La leçon d’épaule en dedans n’améliore pas seulement le « rassembler » d’un cheval qui doit avancer un postérieur plus sous son poids, mais elle permet aussi le travail sur la rectitude du cheval et l’amélioration de son impulsion nécessaire à l’allongement du trot. Ceci est aussi  l’exemple d’une leçon dont l’exécution n’est guère possible dans une voiture. En  situation inverse, le cheval monté trouverait dans la voiture un excellent travail de détente.

         L’arrêt correct qui joue un rôle dans les reprises d’attelage peut s’exercer sous la selle. Un cheval s’arrête « carré » s’il est dans les « aides », « l’impulsion » et « l’immobilité ». Supposons que les aides du cavalier se minimisent de pus en plus au cours du dressage du cheval, et que l’exercice de  l’arrêt « carré » devient à la fin un état conditionné chez le cheval. Ce sera d’un grand secours pour l’arrêt devant la voiture plus tard. Tout en économisant ses forces, on peut aussi apprendre au cheval que s’arrêter c’est être « carré ».

         Dans les reprises du sport d’attelage, l’allongement des guides par le cheval qui « joue » avec son mors, par exemple au trot sur le cercle est fortement noté. Pour l’obtenir on peut aussi travailler le cheval sous la selle en ménageant ses forces. L’allongement progressif des guides, accompagné par les aides activant l’arrière main, peuvent s’exercer régulièrement sans la fatigue de la traction. Le cheval doit plus tard, devant la voiture ou sous le cavalier, se poser sur son mors en confiance et prêt à allonger son encolure. Un cheval d’attelage doit aussi pouvoir marcher dans une position correcte et se trouver prêt à augmenter sa cadence.

         Trouver de bons cavaliers est la condition préalable pour un travail efficace sous la selle.  La monte de loisir n’apporte rien dit Ysbrand Chardon. Celui-ci a 2 moniteurs d’équitation et sa femme qui tous 3 sont au niveau « Grand Prix » pour monter ses chevaux. Ceux-ci sont montés 3 fois par semaine : « le travail de dressage augmente la soumission et la réactivité. Les chevaux sont en meilleur équilibre et ne courent pas sur les épaules ».

         Travail en extérieur

               En plus du travail de dressage, l’équitation à l’extérieur est un complément judicieux. L’expérience des cavaliers et de meneurs montre que ce travail est complémentaire si les chevaux sont habitués à un environnement changeant par des sorties variées. Un cheval travaillé de cette manière se déplace plus sûrement et détendue sur le terrain. Monter un cheval en tous terrain augmente sa résistance physique et sa santé morale. Le travail sous la selle apporte psychisme et  équilibre et la concentration du cavalier qui n’a qu’un cheval à s’occuper (par rapport aux attelages à 2 et 4) est également bénéfique.

        Le même langage

         Un bon team meneur-cavalier se met en accord régulièrement. Que faut il améliorer et comment s’y prendre ? Les aides du cavalier peuvent ne pas être conventionnelles indique Sigrid Weppelmann. En tant que cavalière elle s’occupe intensément de l’entraînement complémentaire des chevaux d’attelage : « si le cheval d’attelage doit partir au galop sur un coup de sifflet pour entrer dans un obstacle, ceci peut être inclus dans l’entraînement extérieur par le cavalier. Il faut que le cavalier accepte d’employer les mêmes mots dont se sert le meneur ».

         Pour le cheval de compétition, il s’agit d’augmenter la force, la vitesse et la condition. Une méthode efficace est l’entraînement par intervalle  de la distance, de la charge, du travail, du terrain lourd ou léger…

         Un entraînement par intervalle de phases de trot et galop est souvent plus facile à l’extérieur sous la selle. La mobilité dans les obstacles s’entraîne soit sous la selle en contournant des cônes soit avec la voiture dans les obstacles. Le changement de pied au galop s’exerce plus facilement sous la selle sans les efforts de traction. Le tout à condition de trouver le bon cavalier qui peut appliquer tout cela.

         Les chevaux d’attelage ne doivent pas seulement être mobiles, adroits et rapides, ils doivent surtout disposer de leur force de traction suffisante pour rebondir. Un cheval d’attelage  bien dressé est facile à monter et vice versa.

par Maria Schulte-Südhoff

         « La plupart des chevaux d’attelage ont le même problème, ils courent, sont sur les épaules et la mise en main est souvent un problème car beaucoup de chevaux fuient les aides, ce qui s’aggrave lorsque les chevaux de sport d’attelage sont de véritables athlètes et bien « conditionnés ».

         Mon rôle de cavalière est le dressage de base dont le but est d’améliorer la légèreté et la mise en main. Ainsi mon travail avec les chevaux comprend les bases de la formation de dressage : marcher droit, mise en main, incurvations, changements de temps, demi-arrêts trot/pas, arrêts, etc.. Les chevaux sont montés toute l’année. Le résultat positif se voit ainsi : les chevaux sont plus légers dans la voiture. Une promenade à la fin de la leçon y contribue également, nous la planifions à chaque fois que c’est possible pour laisser «  l’âme s’évader ».

par Ijsbrand Chardon

         «  Une monte de loisir seule n’apporte rien. C’est pour cela que mes chevaux d’attelage sont montés « manière dressage » par 2 moniteurs d’équitation et ma femme qui tous montent dans les reprises « Grand Prix ». Ainsi 4  de mes 9  chevaux sont au changement de pied au galop attelé à la voiture. Ils sont montés en filet et non pas en bride. Pour le travail aux longues rênes aussi on utilise un mors normal. Il m’importe que   les chevaux soient bien montés, car les chevaux d’attelage doivent réagir très bien aux aides : à ma voix et aux signaux du fouet. Il est important naturellement que les chevaux ne craignent pas le fouet, car le fouet doit agir comme une limite, par exemple pour éviter qu’il ne « tombe sur le cercle » ou pour agir sur la rectitude du cheval. En général nos chevaux d’attelage sont montés 3 fois par semaine. Les chevaux les plus âgés ne sont montés qu’en novembre et décembre.

         En temps que meneur, je vois les avantages dans le fait que la flexibilité (réactivité) des chevaux est améliorée. Les chevaux sont en meilleur équilibre et mettent moins leur poids sur les épaules. Pour le mental, l’équitation est aussi un bon changement , les chevaux gardent la joie dans le travail ».

par le Dr Christine Heipertz-Hengst

         « Quel effet d’entraînement obtient on pour un cheval d’attelage en entraînement par intervalle sous la selle ?

         L’entraînement par intervalle est une forme d’entraînement  (de fond) sous le cavalier qui abordera un travail d’endurance pour le cheval  (ndlr endurance doit être pris dans le sens « accoutumance » :

Endurance sur un temps court : sprint dans les obstacles

Endurance sur temps moyens : les épreuves de dressage

Endurance sur temps longs : les phases de routiers

         La vraie endurance de fond est faite par diverses méthodes de longue durée.

Entraînement par interval-training d’intensité moyenne  (60%-80%) avec des pauses actives mais « récompensantes »  Possible jusqu’à  un nombre de répétitions et de séries élevées (par ex 3x 4 séries)

Entraînement par intervalles intensifs (80% – 90%) afin d’améliorer les parties d’endurance anaérobie et pour s’habituer à la tolérance de cette situation d’oxygénation. Ce travail ne permet que peu de répétitions. Il faut veiller à la capacité de récupération avec des pauses complètes afin d’éviter l’accumulation de la fatigue.

Efforts à charges maximums (90%-100%). Les sprints doivent être réduits à quelques répétitions à cause des efforts anatomiques demandés.

Des efforts maximums  répétés sont nécessaires pour améliorer l’endurance anaérobie c’est-à-dire l’endurance vitesse. Mais à pratiquer avec parcimonie et tact dicté par la tolérance du cheval.

Concernant l’intensité pour le cheval d’attelage, il ne s’agit pas du « meilleur temps possible » comme dans une course, et les vitesses sont contenues dans un cadre donné. L’intensité à déterminer peut d’un côté se baser sur le potentiel de travail individuel du cheval (effort maximum)  de l’autre côté il suffit de se limiter au niveau demandé, pour lequel il faut tout de même construire des réserves.

” Peut on entraîner la rapidité à l’attelage sous la selle sans l’effort de traction ? “

Le travail de rapidité d’un cheval d’attelage se compose de :

–         la rapidité de réaction aux aides et autres impressions de l’entourage

–         l’accélération par la force musculaire

Ceci peut être entraîné indépendamment de la force de traction qui dépend de la force maximale de fond et de l’élasticité.  Elasticité veut dire la capacité de pouvoir déployer de la force en un minimum de temps. L’entraînement de la force des chevaux ne peut être dirigée sur des groupes musculaires choisis. A l’attelage les montées, sous la selle les leçons de dressage, le saut, grimper et descendre des côtes.

” Combien de temps  avant la saison sportive doit on commencer l’entraînement”  ?

Comme l’entraînement a pour but l’augmentation du pouvoir corporel de fournir un effort en stimulant par entraînement des réactions d’adaptation dans les organes et leurs fonctions, il faut le commencer assez tôt pour que le corps ait le temps nécessaire de ses modifications.

Ainsi os, ligaments, et tendons ont besoin d’au moins 4 à 6 mois. Les muscles réagissent au bout de 3-4 mois et le système cœur/circulation/respiration nécessite  environ 6 semaines pour s’adapter aux mécanismes fonctionnels cités ci-dessus.

L’éducation des facilités de mouvements et d’aptitudes, la réactivité et la rapidité des mouvements suit les lois de l’apprentissage moteur et se passe selon talent et capacité plus ou moins vite. Il ne faut pas négliger dans le planning l’âme du cheval, pour éviter de demander trop et plus rarement pas assez.

” Est-ce qu’un entraînement de la flexibilité sous la selle peut apporter des avantages  “?

Oui absolument, cette démarche ne peut qu’apporter bénéfices au cheval d’attelage.

Est-ce que l’on peut entraîner un cheval d’attelage de telle manière que la récupération  demandée au trot entre les obstacles se fasse correctement ?

Oui on peut habituer le corps et le psychisme à se reposer au moins partiellement dans les phases « récompensantes »  avec un entraînement approprié. C’est l’une des raisons importantes du travail par intervalle dans le programme d’entraînement.

” Comment doser les stimulations de l’entraînement une semaine avant les compétitions  “?  

Plus de stimulation ! A ce stade,  il ne s’agit que de garder les capacités de l’effort, réveil et stabilisation de la disposition à l’effort et  s’assurer des réserves d’énergie nécessaires.

Sabine Heüveldop

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