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La PROPRIOCEPTION, du cheval et du meneur… ou du cavalier !

By 5 novembre 2024No Comments

 par Constance Ménard

   CONSTANCE MENARD

 

      La proprioception (du latin proprius signifiant « propre » et du mot « perception ») désigne l’ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la sensibilité profonde, qui est la perception de soi-même, consciente ou non, c’est-à-dire de la position des différents membres et de leur tonus, en relation avec la situation du corps par rapport à l’intensité de l’attraction terrestre. (Wikipédia)

      Proprioception, un terme qu’il faut mâcher un moment avant qu’il ne devienne familier dans le langage. Pourtant nous sommes tous en “proprioception permanente” sans y porter attention. Cependant dès que l’on est à cheval ou en voiture, à y regarder de plus près, un peu plus d’attention à notre proprioception comme à celle du cheval permet d’évacuer nos lacunes et nos échecs.

          La proprioception du meneur

      ” Il y a la proprioception consciente, et la proprioception inconsciente. Cette dernière est par exemple le contrôle de la contraction musculaire, la station debout, l’équilibre. La proprioception consciente est le sens de la position du corps dans l’espace et de la position des segments des membres. Avoir conscience pour un cavalier ou meneur de la position de ses mains par exemple ne va pas de soi. C’est en particulier un problème très fréquent chez des adolescents qui ont beaucoup grandi d’un seul coup. Demandez par exemple à un meneur ou à un cavalier de fermer les yeux et demandez lui où sont ses mains… vous avez de grande chance que la réponse soit erronée.

      La peau et la vue sont des  récepteurs de proprioception très importants. Inutile de dire que les meneurs sont très concernés, par les mains et les guides et par la vue du cheval et de son dos! Mais il n’y a pas que cela. La position du corps dans la voiture a une incidence directe sur le travail du cheval. Etre voussé, les mains hautes, le regard vers le sol, la tête de travers, ne permet pas d’être précis, ni de demander à son cheval de se tenir et d’être un peu cabot! On ne peut pas demander à un cheval d’être en équilibre et le rester si l’on est soi même en déséquilibre. Les fautes de trajectoires en particulier, sont faites par des fautes que l’on fait dans notre corps. En équitation, la position prépare l’action. Parfois certaines fautes sont récurrentes, il faut alors se poser ces questions de positionnement du corps ou des mains.

      Il existe des méthodes pour prendre conscience de sa propre proprioception, je recommande les travaux de Véronique Bartin qui utilise la méthode Alexander  que j’ai moi même utilisée après mon accident. Les voltigeurs travaillent beaucoup leur proprioception, chez les cavaliers, il y a les doués qui n’ont pas perdu leurs facultés naturelles, mais chez les autres le travail doit combler le naturel perdu. Le meneur ou le cavalier doit travailler sa réceptivité. Il n’est pas nécessaire d’être très souple, mais il faut savoir être et rester relâché pour se laisser porter quand on est cavalier, ou bien laisser le cheval d’attelage exécuter ce qu’on lui demande sans le déranger. On en arrive à la proprioception du cheval !

               La proprioception du cheval

      A la différence de l’être humain, le cheval a 4 appuis sur le sol. Très souvent cavaliers ou meneurs oublient cette évidence et se comportent comme si le cheval était comme les humains avec 2 appuis sur le sol. Lorsque l’on demande quelque chose à un cheval, il doit organiser ses 4 appuis. Il est donc très important de préparer le cheval à ce qu’il va devoir faire. Cavaliers et meneurs déséquilibrent leurs chevaux parce qu’ils ont des réactions de bipèdes. Il faut laisser le temps aux chevaux de s’organiser.

      Un exemple caractéristique est l’obtention de l’arrêt carré sur les 4 membres. Généralement les cavaliers demandent à leur cheval de passer du trot à l’arrêt en plantant leurs 4 membres dans le sol et en espérant que ces 4 membres seront parallèles… c’est impossible! En revanche, si l’on demande  l’arrêt en comptant, 1 puis 2 on laisse le temps au cheval de poser ses postérieurs l’un après l’autre… et l’arrêt est carré. Pour les juges on ne fait pas 2 foulées de pas, le cheval s’organise simplement pour passer à l’arrêt. Le dernier temps est marché, mais à moins d’une caméra avec un fort ralenti c’est quasiment impossible à voir. De toutes façons c’est la seule solution pour obtenir un arrêt carré, sauf à s’en remettre à la chance. Le temps entre 1 et 2 est le temps nécessaire au cheval pour s’organiser. En laissant au cheval ce temps d’organisation, on lui permet de conserver son dos dans la tension. Fermer les jambes à l’arrêt est une hérésie, c’est trop tard! le cheval doit avoir auparavant son dos en place.

      Dès le premier jour du débourrage, on modifie l’équilibre du cheval et sa proprioception par le poids du cavalier ou l’appui de la bricole. Le cheval va alors perdre plus ou moins de sa qualité. Le dressage aura pour but de redonner au cheval le sens de ses appuis en lui redonnant une nouvelle proprioception. La nature du sol peut modifier la proprioception du cheval. Certains chevaux sont très sensibles à la nature du sol, comme les chevaux allemands, par contre d’autres  sont complètement insensibles. C’est le cas des chevaux à allures “verticales” comme les guelders qui frappent le sol très fortement. Il faut donc veiller à la nature du terrain de détente pour les chevaux sensibles, sous risque de désillusions dès l’entrée sur la carrière… mais les meneurs savent bien cela ou pour le moins en ont vécu les désagréments. De manière générale les chevaux n’aiment pas être trahis, le changement de terrain peut demander un temps d’adaptation plus ou moins long jusqu’à ce que le cheval retrouve tout son potentiel. Cela peut prendre jusqu’à une dizaine de minutes. On connait bien les aptitudes au terrain de certains galopeurs.

          La mode des “pieds nus”

      Je suis contre cette mode et je m’explique. Un cheval qui n’a jamais été ferré de sa vie peut rester pieds nus, mais faire travailler pieds nus un cheval qui a été ferré de nombreuses années c’est une hérésie. Il faudra des années avant que le cheval ne retrouve toute son intégrité si on le déferre. “.

©  Propos recueillis par JCG auprès de Constance Ménard

 

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