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Interviews

CONSEILS AUX COACHS et aux meneurs ….

By 13 octobre 2024No Comments

         Voilà un document très intéressant signé Franck David  trouvé sur internet et issu  des  archives de dressage 2012 de la FFE. Il porte sur le rôle des entraineurs et coachs sur les concours. Les paroles de l’auteur, méritent d’être portées à la connaissance des coachs, entraineurs et meneurs de notre discipline.

         En résumé: Entraîneurs et coachs doivent  savoir s’effacer pendant la compétition !

         Au bord de la carrière de détente avant l’entrée en piste pour le dressage ou la maniabilité, l’équilibre est  difficile  pour l’entraineur/coach, entre ne rien dire et trop en faire. Dans le dernier cas le   risque est  d’être contre productif.  Il vaut mieux donc parfois  ne rien faire, et laisser le meneur gérer seul la situation…

         …  situation particulièrement difficile lorsque entraineur/coach sont rémunérés pour la circonstance !

          Afin de justifier l’intérêt de leur présence parfois très onéreuse, ces derniers auront un penchant naturel à sur-jouer leur rôle.

         Le choix d’être assisté ou non,  devrait toujours revenir au concurrent meneur, et dans le cas où ce dernier souhaite une présence active de son entraineur/coach sur le bord de la carrière, les conditions devraient en être définies préalablement  lors des séance d’entrainement à la maison.

         Mais ce n’est que mon avis …

         Instructeur, Franck David a dirigé pendant vingt ans un club à Pertuis où il enseignait toutes les disciplines. Il a pratiqué le sport en compétition en saut d’obstacles, en dressage et en concours complet, mais aussi en horse-ball et en attelage. Il crée et dirige l’écurie de Dressage Franck David en 2005.

Franck David photo DR

Séminaire des entraîneurs de dressage. FFE Lamotte-Beuvron, 12 et 13 mars 2012

” J’apporte ici seulement un témoignage, qui n’est pas un cours, et me propose de relever quelques points importants de notre activité, afin de lancer une discussion que vous enrichirez de votre point de vue

Différences entre entraînement et coaching.

         Ces dernières années, nous avons tous observé une évolution considérable des techniques pour la préparation et la présentation des chevaux en compétition. Le coaching en épreuves est un des aspects de notre métier d’entraîneur mais il en est assez diffèrent à certains égards.

         En situation de coaching lors des compétitions, il ne s’agit plus de chercher à transformer le cavalier ou le cheval avant une épreuve. Il nous faut faire avec ce qu’ils sont à ce moment là, et tenter d’amener le couple à effectuer la meilleure prestation possible dans ces circonstances.

         Il nous faut laisser de coté les imperfections que nous ne pourrons pas modifier sur le terrain, et nous attacher à n’intervenir que sur ce qui peut être utile pour améliorer la performance.

Préparation préalable

         Une échéance importante de compétition ne s’improvise pas. Elle est l’aboutissement d’un programme de sorties qui doivent servir à observer les comportements du cheval et du cavalier en épreuves. Chaque concours est l’occasion de choix d’actions dont on retire un enseignement sur ce qui convient mieux ou moins bien en situation de compétition. Par exemple les temps de détente du cheval, les consignes au cavalier, sa façon de vivre les épreuves… Au fil des sorties on doit tenter de mieux connaître le couple et ses réactions en compétition. Plus forts d’une sérieuse expérience, nous pouvons alors mieux organiser les temps de préparation de l’épreuve et intervenir avec davantage d’efficacité pour optimiser la performance.

Préparation physique et mentale du cavalier.

         La plupart des milieux sportifs consacrent maintenant beaucoup d’importance à la préparation physique et mentale des athlètes. Ces aspects de la préparation ne sont pas encore très développés dans notre sport.

         Alors que la préparation physique du cheval fait l’objet de toute notre attention, celle du cavalier est généralement oubliée. Son échauffement va au rythme progressif de celui du cheval, mais nous n’avons pas l’habitude de recommander des exercices de préparation propres au cavalier. Quelques uns, d’un âge plus avancé, ressentent le besoin de pratiquer quelques étirements, mais ils restent minoritaires.

         Le débat concernant la préparation mentale est plus délicat. C’est un sujet très personnel et il relève des demandes individuelles de chacun des cavaliers. Toutefois on constate que tous ont leurs propres techniques empiriques issues des habitudes et des expériences personnelles.

         Chacun doit rechercher ce qui lui convient le mieux dans les comportements à adopter lors des différentes phases de la compétition. C’est certainement une meilleure connaissance de soi qui mène à une bonne gestion du mental en compétition.

         Notre comportement de coach peut assurément aider ou déstabiliser le cavalier. Notre expérience et l’observation de chacun de nos élèves lors des répétitions peuvent nous aider à trouver le ton juste, avec prudence.

La préparation mentale doit aider le cavalier à gagner en sérénité pour l’aider à mieux “se préparer”.

En compétition.

         La fonction de coach amène à conseiller et encadrer le cavalier sur les différentes phases avant, pendant et après les épreuves.

         Les jours précédents et notamment la veille de l’épreuve il convient d’organiser l’ensemble des préparations. A ce titre les choix de durée et d’intensité de travail du cheval sont déterminants et doivent relever de l’expérience acquise lors des précédents concours. Le minutage prévisionnel des étapes de préparation pour l’épreuve est important afin de parer aux imprévus.

         Le jour de l’épreuve il nous revient d’encadrer le cavalier pour le rassurer et l’aider à gérer au mieux sa concentration dans la sérénité. La détente avant l’épreuve est un moment essentiel. Il faut amener le couple vers une performance maximale sur le rectangle de présentation. Le coach doit apporter son expérience pour la meilleure conduite des temps d’échauffement, l’ordre des exercices, la montée en puissance des efforts, les temps de pauses. Il ne s’agit pas de faire une belle prestation à la détente, mais de la réussir sur le rectangle de présentation.

Interventions du coach.

         Le coach est un soutien qui va aider sans s’imposer. Il faut qu’il ait la confiance du cavalier. Il doit intervenir exclusivement sur ce qui sera utile et efficace. Dans ce sens il s’abstient de toute intervention qui serait vaine dans l’instant qui précède l’épreuve. Il tient compte de l’émotion du cavalier, il rassure, il encourage, il stimule, il encadre chaque cavalier en fonction de sa personnalité.

         Certains élèves ont besoin d’être relativement pris en charge concernant les décisions et le déroulement de la préparation. Dans ce cas les interventions peuvent être relativement directives pour décharger le cavalier des initiatives à prendre. En particulier lors de la conduite de la détente ces cavaliers se laisseront guidés. Mais un coaching directif ne prépare pas le cavalier à réagir en autonomie sur l’épreuve où il se retrouve seul sans assistance. Il convient donc d’amener le cavalier à bénéficier d’un accompagnement facilitant sans le rendre trop dépendant de cet encadrement.

         Pour d’autres cavaliers il convient de laisser davantage d’autonomie, y compris lors de la détente avant l’épreuve. Pour ceux-là les commentaires seront un accompagnement plus discret par des conseils et des informations utiles sur l’attitude du cheval, la correction des mouvements. Le coach sera disponible pour des échanges d’impressions et donnera son avis en laissant les initiatives au cavalier qui gèrera sa préparation “comme il le sent”.

         La relation se fera même par quelques croisements de regards entendus, quelques mimiques bien comprises, résultat d’une complicité qui exempte de commentaires inutiles.

         Quand on observe les coachs en compétions internationales, on constate une grande sobriété dans les interventions et un vocabulaire très simple. Tous leurs commentaires sont orientés vers l’efficacité à court terme, le temps de l’épreuve.

Faire le point.

         A l’issue de l’épreuve le « débriefing » doit être court et se situer après le temps consacré à la récupération du cheval. Le coach doit être au service du cavalier dans la gestion de ses émotions après l’épreuve, le laisser s’exprimer et canaliser ses perceptions. Il convient souvent d’ajuster les impressions du cavalier par rapport à la réalité de la présentation. Il est important de souligner les éléments positifs et renvoyer à plus tard l’analyse plus détaillée de l’épreuve.

         Lorsque le cavalier sera reposé, une seconde analyse à froid sera plus profitable pour revenir en détail sur l’épreuve. L’utilisation de la vidéo permet un bon travail d’ajustement des perceptions du cavalier à la réalité de sa performance. Ce travail à distance de l’épreuve permettra d’affiner la préparation d’une autre épreuve éventuelle à suivre ou redéfinir un programme d’entraînement en vue des autres compétitions à venir.

Conclusion.

         En ce sens il est important que chaque compétition s’inscrive dans un programme prévu pour la saison du cheval et que chaque étape renvoie à une perspective de progression du cavalier.

         C’est dans ce contexte que nos fonctions d’entraîneur et de coach s’alternent, où chacune est différente mais néanmoins complémentaire de l’autre pour une plus grande efficacité de nos interventions. C’est l’harmonie entre ces deux volets de notre métier qui permettra de meilleures performances aux cavaliers que nous préparons et accompagnons en compétitions.”

Franck David

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