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Coup de cœurCulture

La Savoyarde

By 14 septembre 2024One Comment

 

La Savoyarde

 

 

 

Carte en celluloïd

Selon la tradition, autour de Pâques, les cloches reviennent de Rome.

Celle-ci a fait un long voyage, il y a plus de 100 ans, cadeau symbole d’allégeance de la Savoie à la France.

Elle a été fabriquée dans la fonderie Paccard à Annecy le vieux (Sévrier depuis 1989).

La plus importante fonderie de cloches a conçu le plus gros bourdon de France, avant d’atteindre le record de 33 tonnes pour la « World Peace Bell » fondue pour célébrer l’an 2000 à Newport, Kentucky USA.

Classée monument historique en 1999, la Savoyarde sonne uniquement pour les grandes fêtes religieuses : Pâques, Pentecôte, Ascension, Noël, Assomption et Toussaint.

On peut l’entendre alors à 10 km à la ronde.

Voici ce qu’écrit le journal « la Croix » du 15 octobre 1895 :

La Savoyarde est arrivée à Paris vendredi soir, en gare de Bercy, à 6 h. 37, sans aucun incident. On voit qu’elle a voyagé à petites journées, comme faisaient jadis les très grands personnages. Elle était partie lundi d’Annecy. Nous avons déjà dit les difficultés qu’on avait éprouvées à Annecy pour la mettre en route. On ne transporte pas aisément une pièce pareille. Rappelons les dimensions de cet admirable bronze qui chantera bientôt sur Paris les gloires de Dieu. La Savoyarde pèse 17 tonnes et demi. Elle a 4 mètres de hauteur ; son diamètre est de 3m03, ce qui lui fait une circonférence de plus de 10 mètres ; exactement 10m,36. L’épaisseur à la base est de 0m,22. Sur un fourgon à part étaient placés le battant en fer forgé qui pèse 835 kg., avec l’anse qui doit servir à fixer ce battant, laquelle pèse, seule, 94 kg.

Comme la hauteur dont on pouvait disposer au-dessus des trucs ordinaires, sur le parcours des voies ferrées de P.-L.-M*., à cause des tunnels et des ponts n’était que de 3m30, il avait fallu placer la cloche sur des trucs très bas, rasant presque le sol à quelques centimètres à peine du niveau des rails. De la gare de Bercy, la Savoyarde a été conduite sans difficulté, par les voies de Ceinture à la gare de la Chapelle. Et ce n’est qu’aujourd’hui lundi ou même peut être seulement demain matin mardi qu’elle sera montée à Montmartre. Il faudra 25 chevaux pour rouler le fardier jusqu’au sommet de la butte, en suivant probablement les rues Ordener, Dechesme et Lamarck. Et pour ce transport, il y a lieu d’avoir l’autorisation de la Préfecture de police et des Ponts-et-Chaussées.

* Paris Lyon Méditerranée

La savoyarde est transportée à grand peine par les chevaux, la butte culmine à 130 m. Son arrivée est un événement parisien.

28 chevaux en ligne et autant d’hommes pour les conduire, la pose pour la photo donne le temps de souffler un peu. En espérant que l’effort de traction est bien réparti, chaque cheval doit tirer plus d’une tonne (la cloche plus le camion) en pente ascendante.

On peut remarquer les cales derrière les roues du camion pour soulager les efforts des chevaux

Depuis les druides gaulois, la butte est un lieu hautement spirituel et religieux.

Parc d’artillerie en mars 1871 sur la butte Montmartre, au début de la sanglante période de la Commune

   Après les événements ravageurs de la guerre franco-prussienne et de la commune de Paris, MM Legentil et Rohault de Fleury font vœu de faire ériger à Paris une église. Ils oeuvrent pour que ce voeu devienne un « vœu national ».

   Mgr Guibert, archevêque de Paris, écrit en 1873 au ministre des Cultes et demande ” qu’un temple, élevé pour rappeler la protection divine sur la France et particulièrement sur la Capitale, soit placé dans un lieu qui domine Paris et puisse être vu de tous les points de la cité “. C’est ainsi que naît la Basilique du Sacré-Cœur, financée uniquement par souscriptions très généreuses.

     

Construction de la Basilique – François-Marius Borrel.

La première pierre est posée en juin 1875, le campanile terminé en 1912, mais la Basilique, de style éclectique (mélange de roman et de byzantin) ne sera consacrée qu’en 1919.

Croquis de M. MORENO et le Petit Parisien de 1885

Françoise Marguerite est baptisée en 1895, elle sera hissée en 1907 sous son campanile.

Des cartes postales célèbrent l’historique et les mensurations de cet édifice qui domine la capitale.

Voilà donc 117 ans qu’elle donne de la voix et qu’elle contre-ut grave du haut de Montmartre !

Si vous voulez l’entendre : http://www.youtube.com/watch?v=Ive2fb57u2o

1. joug

2. anses

3. cerveau

4. épaule

5. robe

6. panse

7. pince

8. lèvre inférieure

9. battant

10. faussure

Joug, épaule, robe, pince, lèvre inférieure, voire cerveau, autant de mots qui nous rapprochent des chevaux !

Une si illustre cloche vaut bien une chanson, voici pour conclure celle dédiée à « l’âme de Paris qui chante », par Jean-Baptiste Chevrier dit René de Buxeuil, en 1923 :

La plus grande cloche du monde,
Sur la Butte du Sacré-Cœur,
Fait entendre sa voix profonde
Que les échos clament en chœur
Chaque coup frappé dans l’aurore,
Par son battant troublant les airs,
Est comme un cri large et sonore
Qui se répand par l’Univers.

Refrain :
Dong, dong, dong,
Entendez-vous ce bourdon ?
C’est l’âme de Paris qui prie
Dans le bronze de la Patrie,
En songeant le passant s’attarde
Lorsque vibre dans les cieux gris
La grande cloche de Paris :
La Savoyarde !

Car les cloches parlent aux foules,
Et suivant les joies ou les deuils
Elles ont des larmes qui coulent,
Des frissons de gloire ou d’orgueil ;
Et lorsque passait la tourmente
Parmi les dangers angoissants,
Plus d’une fois la voix puissante
A jeté ses nobles accents.

Refrain :
Dong, dong, dong,
Entendez-vous ce bourdon ?
C’est l’âme de Paris qui veille,
Disait-on en tendant l’oreille,
Car elle était à l’avant-garde.
Courage ! Peuple de Paris
Ainsi hurlait dans les cieux gris !
La Savoyarde !

De nouveaux printemps sous la nue
Ont dispersé les oiseaux noirs,
La Paix sereine est revenue
Dans les matins et dans les soirs,
Et maintenant la voix s’élève
Parmi l’entrain et la gaîté
De l’immense cité qui rêve
De travail et de Liberté

Refrain :
Dong, dong, dong,
Entendez-vous ce bourdon ?
C’est l’âme de Paris qui chante
Fraîche, rieuse, point méchante.
Dans l’air pur où l’amour bavarde
Au-dessus des balcons fleuris,
Chante la cloche de Paris :
La Savoyarde !

 

 

 

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