L’utilité de la plate-longe dans le beau métier de maréchal-ferrant
La plate-longe, plus longue pour les antérieurs que pour les postérieurs, est utilisée par le teneur de pied, une aide opportune pour le maréchal, ce qui définit le ferrage à la française.
Deux façons de l’employer : en l’enroulant autour de l’épaule (du teneur de pied) pour supporter l’antérieur, ou en immobilisant le postérieur entre pointe du jarret et pied (d’où la différence de longueur).
Les sabots en bois étaient des chaussures de sécurité avant l’heure
Découvrons ce métier exercé depuis près de 12 siècles, pratiqué par des hommes et des femmes indispensables à la préservation de la santé et de l’intégrité des chevaux.
(Aussitôt arrivés, on s’assure que la ferrure est en bon état et n’a pas souffert de l’étape ; la forge de l’escadron s’installe ; on y envoie les chevaux déferrés ou ceux auxquels il faut remettre un clou.)
Il y avait souvent une tierce personne équipée d’un chasse mouche, afin d’éviter des réactions intempestives du cheval en cours de ferrage, vous savez, la mouche du coche !
La vocation commence tôt !
Le métier de maréchal-ferrant sollicite les quatre éléments : la terre, le feu, l’air et l’eau.
La terre, d’où est issu le minerai, le feu, pour transformer le métal, l’air, pour entretenir le feu, l’eau enfin, pour refroidir le fer.
Le maréchal-ferrant fait tellement partie de la vie équestre qu’on pourrait oublier de le regarder, et pourtant, quelle ambiance quand il travaille ! La fanfare des coups de marteau sur l’enclume, les volutes de fumée dans un chuintement opaque, l’odeur de la corne brûlée, puissante, intense. Un artisan ? Un artiste !
Je vous présente Bruno, « podologue » particulier d’Impérial Bellevue. En effet, le poney, 16 ans, a changé trois fois de propriétaire, mais fait rare, il a gardé son maréchal. Ils se connaissent par cœur avec une complicité inaltérable (après un rapide calcul, paré à partir de 18 mois, c’est peut-être la centième visite !).
Bruno (membre actif des Attelages Blancois) habite le Berry voisin et arrive toujours à l’heure au rendez-vous fixé. Son fourgon forge est organisé à sa main, avec un impressionnant arbre à fers au milieu.
Il a agencé et conçu ses outils de travail, avec beaucoup de sens pratique, remplaçant la petite table visible sur bien des documents anciens par un trépied multiservices.
Petite révision des nombreuses opérations nécessaires au ferrage :
Dériver, déferrer, nettoyer, parer juste pour préserver l’intégrité des pieds et garantir les aplombs, ajuster le fer à la tournure du pied, faire porter le fer chaud, le refroidir, brocher les clous, les retourner, les serrer dans les étampures, les couper, dégorger, river et râper en finition, révéler le fil d’argent en biseautant le fer.
Une habile gestuelle millénaire de haute technicité, la moindre erreur rend le cheval indisponible.
Toutes ces tâches, Bruno les exécute avec calme, patience, douceur et dextérité.
« Tu te rends compte, ça fait plus de 14 ans qu’on se connaît… Je sais que tu m’aimes bien, tu ne m’as jamais bousculé et je ne t’ai jamais posé de problème.
…Alors oui, t’es mon copain ! » « Dis, tu continueras à venir me faire les sabots ?
Les gestes ont quelque chose d’immuables et les outils presque semblables, pourtant, le métier a bien changé, comme le montrent les photos anciennes. Le forgeron – maréchal-ferrant, jamais seul à l’ouvrage, installé au milieu du village, avait pignon sur rue, les chevaux venaient à lui.
Mais des forges mobiles tractées par des chevaux existaient avant la mécanisation qui a mis fin aux artisans charrons, forgerons, carrossiers…
Voiture forge exposée à la Chabotterie (Vendée)
Grâce à ses chevaux vapeur, Bruno sillonne seul les routes, il ferre donc « à l’anglaise », comme la plupart des maréchaux, seuls et itinérants.
Et comment appelle-t-on le ferrage assis ?!