Article proposé par Julie Wasselin Degrange, paru le 05/10/2023 08:17:07 Rubrique : Coup de coeur Un commentaire |
Littérature Équestre: DOMINIQUE SAINRAMES, vous vous rappelez ?
Je suis un « Borsalino » en taupé d’un bleu marine à faire pâlir de jalousie les nuits de Toscane… mais je m’emballe !
Elle me porte avec assez de chic cependant, et je suis enchanté de présider le critérium en sa compagnie.
Nous sommes à Lignières dans le centre de la France. Il y fait délicieusement beau, l’organisation ronronne et tout le monde semble heureux d’être là.
La carrière est de sable blanc. C’est superbe, mais éblouissant.
Heureusement que je suis là pour protéger ses yeux !
L’épreuve de dressage débute par une reprise numéro trois.
Reprise ambitieuse puisque l’on y trouve du trot rassemblé et quelques transitions difficiles comme du trot allongé suivi d’un trot rassemblé, lui-même encore suivi d’un trot allongé.
Il paraît clair que l’essentiel des chevaux que l’on nous présente n’est pas capable de se plier à cette redoutable gymnastique. Ils n’y sont pas préparés parce que leurs meneurs ne savent pas la leur demander.
J’ai beau lui tenir vaillamment compagnie, je sens bien qu’elle est désolée.
Entre en piste enfin le dernier concurrent.
Là, je m’accroche, car je sens la fièvre lui monter au cerveau.
Lingo.
Prononcer : « Line-go ».
Ça lui va bien.
Lingo, donc, entre en piste, et l’on se demande soudain à quoi sert l’astre solaire, et d’où jaillit la lumière…
Lingo, KWPN bai de onze ans, tel un danseur étoile, pendant quelques minutes, éclipse tout ce qui n’est pas lui.
La voiture et le meneur se fondent dans l’atmosphère, on ne voit plus que lui.
Ne restent en piste que la grâce et l’apparente facilité de son talent.
La perfection existe… nous venons de la rencontrer.
Heureusement que je suis là, car je la sens terriblement émue.
Dans la légèreté, le cheval danse. Le rassemblé est aérien, les transitions vibrantes et moelleuses à la fois, la précision incisive.
C’est un régal, et, pour terminer la saison, un superbe cadeau.
Dans la discrétion, le meneur se fait oublier et nous offre son cheval.
Bravo Monsieur Sainrames. Quelle fine main et que de travail en amont !
Dominique Sainrames
En attelage, il n’est pas inutile de le rappeler, on ne dispose ni de la jambe, ni de l’assiette pour atteindre et ce niveau, et cette perfection dans ce niveau.
Avec attendrissement, je la regarde mettre des huit et des neuf… elle pourrait bien mettre des dix partout, mais enfin je ne suis qu’un chapeau.
Bon, c’est vrai que Lingo a tourné en championnats du monde. Ici, c’est donc assez normal qu’il termine premier, mais ça n’enlève rien à son exceptionnelle qualité.
Le dressage se termine.
De mon rebord, je cache le mieux que je le peux les larmes de reconnaissance qui font briller ses yeux.
Me tenant d’une main, elle se précipite alors au camion.
Mais, partis « remettre au calme », le cheval et son meneur n’y sont pas encore revenus, alors, comme on embrasse du bon pain, elle embrasse Madame Sainrames, un peu éberluée, et lui dit :
– Merci !
Et moi je dis :
– Chapeau !
Vidéo de Diminique Sainrames à Schwaiganger en 2011 : https://www.youtube.com/watch?v=_rJYvopc1N0
A lire d’autres récits dans les rêveries de Juju. JCG
Commentaires
-Pourquoi ? par JeanClaudeGrognet (05/10/2023 08:24:27)
Pourquoi ce rappel? J’ai ces derniers jours , eu le grand plaisir d’avoir conversation avec Dominique. Derrière l’écran je constate que l’actualité de l’attelage est plus suivie qu’on ne l’imagine.
Juju a bien raison, un grand meneur et un grand cheval.
Au plaisir d’autres conversations!