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Interviews

Portrait: ALAIN CAILLEBOT ou la marine à cheval !

By 11 juillet 2024One Comment

Réédition de l’article paru le 15/3/2014 lu 4932 fois

Alain Caillebot

          Alain Caillebot est un homme discret, j’ai eu beaucoup de peine à obtenir cette interview. Pourtant Alain n’a pas à rougir de ses connaissances équestres et de son passé, bien au contraire. Question d’éducation et de formation sans doute.

          Les parents d’Allain ont vécu longtemps à Maisons-Laffitte, un peu plus tard ses parents déménagent et le jeune garçon passera plusieurs années de sa vie sur l’hippodrome de Saint Cloud.

          « J’avais un tonton qui était régisseur de l’hippodrome de Saint-Cloud. J’ai vraiment connu les chevaux à cette époque-là et je passais le plus le plus clair de mon temps dans les écuries. J’avais 9/10 ans. À l’époque il n’y avait pas de tracteur et les palefreniers disposaient de chevaux pour l’entretien d’hippodrome. Il y avait un trotteur dénommé Ribot qui emmenait les commissaires sur la ligne de départ avec une voiture hippomobile. C’était dans les années 60/65. Je me souviens de jockeys qui sont par la suite devenus très célèbres Maxime Garcia, Roger Poincelet ou Yves Saint-Martin, qui n’était encore qu’apprenti. Je ramassais les cravaches (“Perpignan” à l’époque) que les jockeys perdaient sur la piste. Maxime Garcia m’a un jour donné 500 Fr à l’époque parce que j’avais récupéré sa cravache”.

          ” Un peu plus tard j’ai monté à l’entraînement sur les conseils de ma cousine, Madame Leroy qui s’occupait de faire passer les examens d’équitation en région parisienne. Ce sera bien pour toi m’avait-elle dit, ainsi tu vas apprendre à apprécier le train d’un galop. C’est chez l’entraîneur Jacques Baumé que j’ai monté les PS à l’entraînement. J’ai de très bons souvenirs de cette époque-là, l’ambiance dans les écuries était très sympathique même si le “métier” était difficile. Je suis resté trois ans à l’entraînement. Je me levais à quatre heures le matin, la selle d’entraînement et le casque sur le vélo et j’allais à l’écurie m’occuper des chevaux. Je montais 5 lots dans la matinée ce qui est énorme pour un amateur.”

Maison Lafitte avec Lavoisier (PS)

          Toujours sur les conseils de Madame Leroy, c’est chez Maître Couillaud qu’Alain passe son second degré d’équitation. On a parlé sur attelage.org de l’école de Maître Couillaud lors du débat sur le dressage du cheval d’attelage, en rappelant que des noms comme Antoine Bancaud ou Félix Brasseur avaient fait leurs premiers pas dans cette école réputée. Alain Caillebot a suivi cette même formation. Peut-être même a-t-il eu Antoine comme Professeur, mais il ne s’en souvient pas.

Maître Couillaud avait pour devise : Respect au Maître, Amour des chevaux,  “il était adulé ou bien détesté ! “

          « C’était un être pas facile il est vrai, et même si j’étais déjà militaire, la discipline était extrêmement rigoureuse accompagnée d’une pédagogie efficace mais impensable aujourd’hui. Lors des repas il était interdit de parler, si l’on croisait Maître Couillaud quatre fois dans la journée, quatre fois il fallait le saluer. L’enseignement théorique se faisait dans une grande salle, les élèves installés avec une blouse. Il y avait un squelette de cheval, que nous devions démonter et remonter régulièrement. Il y avait aussi un squelette avec les muscles, des bocaux de fœtus, de l’hippologie comme on n’en fait plus aujourd’hui ! C’était comme ça et on ne se plaignait pas. L’élève qui était de service rendait compte au “garde à vous” , des tours de garde étaient instituées la nuit pour veiller sur les chevaux. Dans le travail au manège il était placé tout en haut et des rétroviseurs étaient installés afin que rien n’échappe à son regard. Ainsi il voyait tout le monde sous tous les angles. Les sorties en extérieur c’était aussi quelque chose, je n’en parle même pas ! Les “remises aux ordres” c’étaient mise en selle, ou mise au carré du tas de fumier. »

          Alain est entré à 17 ans dans l’armée en rejoignant le centre de formation des troupes de commandos de marine. « Une arme où l’on bouge beaucoup et ça me convenait très bien. De plus l’aventure coloniale n’était pas pour me déplaire bien au contraire.

          J’ai retrouvé le cheval au sein de la section équestre à Dakar. Un peu plus tard je suis nommé directeur du club hippique de Djibouti “

1983 examens au Club Hippique de Djibouti

          ” Djibouti était un très beau centre équestre. À l’époque nous avions déjà le chronométrage électronique. Il y avait des élèves africains et des élèves de militaires. Les africains voulaient “jouer à cheval” , mais petit à petit j’ai pu les faire “monter à cheval”.

          Nous allions en concours hippique à Addis-Abeba. C’était une semaine de transport en train pour les chevaux…”

1983 Addis-Abeba concours international

” … En toute modestie, je crois que j’ai fait du club de Djibouti un très beau club. Tous les chevaux venaient d’Éthiopie, un peu du Soudan. Les chevaux souffraient énormément de la chaleur, il n’y avait pas de paille, que de la paille de cacahuètes. Tout venait d’Addis-Abeba !

          Après Djibouti, j’ai été affecté à Trèves en Allemagne, où j’étais toujours commando de marine. J’ai refusé cette affectation, car je souhaitais obtenir mon diplôme de Sous Maître. Il fallait donc aller à Fontainebleau pendant neuf mois, au C.S.E.M dirigé par le colonel de Beauregard. J’y ai croisé Didier Courrèges qui est devenu champion olympique, mais aussi Durand qui est devenu écuyer en chef à Saumur. C’était en 1984. Je suis envoyé à l’école navale… où j’ai appris que “l’on embarque à l’école” lorsque l’on y rentre et que l’on “débarque de l’école ” lorsqu’ on n’en sort.  Je suis débarqué de l’école en 1992.  Je me suis ensuite retrouvé à Tours à l’Ecole d’Application du Train. J’y ai terminé ma carrière militaire comme instructeur”.

Idéfix Delaprise SF Brest 1985

1988 Léopard PS à l’Ecole Navale

La formation et l’éducation impriment de manière presque indélébile le caractère, les attitudes, la façon d’être. Que ce soit à cheval, à la longe, dans une voiture d’attelage, à l’entraînement comme en compétition, Alain fait rarement sans coiffure, sans gants, sans ses bottes et sa veste cavalière..

          « l’éducation équestre que j’ai reçue de ma cousine Madame Leroy, de Maître Couillaud, et de tout ceux que j’ai connus dans le monde équestre m’ont toujours dicté cette façon d’être. C’était comme ça, une période où tous les écuyers impressionnaient par leur charisme et leur rigueur. Lorsque que j’ai fait de l’instruction, j’ai donc naturellement demandé  à mes élèves d’être en tenue, il n’était donc pas question pour moi de me présenter autrement qu’en tenue. »

L’Arbre en Boule, sortie des élèves en extérieur

Alain est aussi passionné de dressage : « avec les chevaux il faut toujours se remettre en question, réfléchir, analyser essayer de comprendre ce que hier fonctionnait et aujourd’hui fonctionne moins. Il faut être humble à cheval ».

Alain a dressé Camaron un cheval espagnol jusqu’à la Courbette. Le cheval a été vendu plus tard à un cirque.

Camaron au pas espagnol. Éblouissant !

Camaron avec Alain. Assiette exemplaire malgré un cheval très inconfortable…” Il y a des années de tape cul, me dit Alain ! ” Le petit cheval espagnol sera mis au changement de pieds aux deux temps.

Camaron à la Courbette, le cheval reste au rassembler.

 Un propriétaire lui propose une jument Wesphalienne avec laquelle il sortira quelque temps en compétition de dressage.  

2003 Tahoser, jument Wesphalienne

2008 Perle Andalouse

“Renata, m’a accompagné durant toutes ces années. Elle montait elle-même à cheval, et c’est elle qui m’a fait découvrir l’attelage lorsque j’étais à Brest à l’école navale. C’était un petit cheval qui s’appelait Kanavo, et que nous avons dressé tous les deux à l’attelage. Cela nous a donné l’occasion de rencontrer beaucoup de monde comme Joseph Lévesque,  Robert Coutable, Jean Fautras. Tous ces gens nous ont aidés et nous ont appris à mener un cheval d’attelage. Renata a fait un peu de compétitions, j’ai passé mon septième galop à Dampierre sur Boutonne. Je me souviens que la juge était Caroline Charpentier. “

Passage du Galop 7 à Dampierre sur Boutonne

          « c’est Renata qui a créé les Derbys de l’attelage en Touraine. Ainsi les meneurs qui travaillaient chacun dans leur coin ont pu être rassemblés. C’est ainsi qu’une formation a pu être dispensée à tous et que chacun a pu passer ses examens d’attelage. Nous avons ainsi fait passer le sixième galop attelage à Tony Ecalle lorsqu’il était en Touraine ».

          Alain Caillebot a pratiqué presque tous les sports équestres, comme le polo. C’est encore Madame Leroy qui donnait des leçons au Polo de Bagatelle qui fut l’initiatrice de la découverte de cette autre discipline. « J’ai rencontré à bagatelle le grand nom du polo français de cette époque Lionel Macaire. J’ai fait aussi un peu de Complet, mais pas énormément faute de cheval. C’est une discipline que j’aurais pu pratiquer avec plaisir et qui correspond bien à mon tempérament. Aujourd’hui je monte encore à cheval tous les jours.”

          L’arbre en Boule a été vendu. Aujourd’hui Allain et Renata poursuivent leurs passions et participent chaque année aux épreuves de l’AFA, les concours d’Attelage de Tradition. C’est Alain qui mène sur ces épreuves : “ces épreuves sont très sympathiques, j’aime le côté esthétique de ces épreuves, harnais et voitures bien briqués, tenue exemplaire. Les ambiances sont très sympas, ce sont nos vacances.”

Deauville 2012

Impérial Bellevue: Deauville, La Chabotterie, Haras du Pin

          Alain est également juge de dressage et le juge d’attelage depuis trois ans. Une fonction qu’il exerce dans la discrétion sans chercher une promotion ou une nouvelle carrière.  Lors du dernier séminaire des juges à Lamotte-Beuvron cet hiver, Alain Caillebot s’est vu confier un exposé sur la locomotion du cheval. « Je crois que le fait d’être cavalier apporte beaucoup au jugement du cheval. Le juge doit constater, évaluer, classer dans l’absolu.

          Alain donne volontiers des coups de main aux uns et aux autres. Il est avec Renata l’un des bénévoles du concours de Reignac. « Martin et Daniel sont des gens formidables, ce sont des gens gentils, c’est merveilleux de travailler avec eux. Reignac est un super concours! Lorsqu’ils me le demande je leur donne quelques conseils pour le travail des chevaux de Daniel ou de Louise. »

Alain et Rénata,  bénévoles à Reignac photo Nadine Toudic

Ce que dit Rénata d’Alain:

“Ce que j’admire chez lui, c’est son aptitude à savoir quoi et jusqu’où demander, au cavalier comme au cheval. Il est doué pour enseigner l’équitation, beaucoup d’élèves se souviennent de son exigence, de son dynamisme et de son écoute pour obtenir une belle équitation.”

Les préférences d’Alain

films:  “Le cheval de guerre” , les films avec Belmondo, les films de cape et d’épée

danses : le rock ! Il ne sait pas danser la valse

musique : la grande musique Mozart le concerto 21, Beethoven, Brel

sa carrière:

 1970 – 1994 : Militaire de carrière dans l’Infanterie puis dans la Cavalerie, en poste à Dakar (Sénégal), à Nouméa (Nouvelle Calédonie) et Djibouti sur 5 années, et en France métropolitaine à Fréjus, Maisons-Laffitte, St Germain en Laye, Brest et Tours.  

– maître de manège pendant 20 ans

 1994 /1996 Moniteur à « l’Étrier Lochois »

1996/1997 Moniteur au « Cercle Hippique du Ripault »  

1997/1998 Moniteur indépendant

1998/2006 Responsable technique pour « les Chevaux de l’Arbre en Boule » 37460 GENILLÉ

Décorations : Mérite Civique – Défense Nationale – Jeunesse et Sports –

Une rare photo d’Alain Caillebot à cheval sans coiffure ni gants ni veste.

2000 Olivia KWPN

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  • Commentaires

    -Portrait: Alain Caillebot, la Marine à cheval par Courcycoy (15/03/2014 09:51:45)

    – – Un bel article qui fait plaisir à lire .
    – – Un homme de cheval à 4 pattes ou à 2 roues .
    – – Bravo Monsieur Alain Caillebot , merci Rénata .

    -A l’homme de cheval et à notre chroniqueuse avertie… par Chevalandrieu (15/03/2014 18:12:55)

    C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons fait la connaissance de Mr et Mme CAILLEBOT, commissaires aux obstacles, sur le concours de Reignac 2013.
    Enfin nous pouvions mettre un visage sur notre chroniqueuse avertie de l’attelage de tradition, Renata.
    Nous avons, aussi, découvert qu’Alain était tout aussi passionné de notre loisir commun « l’attelage »
    Au plaisir de se retrouver sur les terrains de concours.
    Nadine, Gérard

    -Merci par Renata (16/03/2014 09:37:30)

    Nadine et Gérard, au plaisir de vous revoir à Reignac et d’admirer vos photos qui expriment si bien les beautés de notre sport et loisir !
    Une précision : imaginer des marins à cheval peut paraître étrange, voire faire sourire. Mais les marins ne passent pas toute leur vie sur un bateau. De plus, l’École navale, qui forme les futurs officiers, imposait deux “options” : l’escrime et l’équitation.
    Les concours finistériens étaient ravis de recevoir des cavaliers en bleu Royale et casquette !

    -A Monsieur le Juge et à Madame sa Secrétaire par Atlantis (23/04/2014 17:49:21)

    Très heureuse de vous connaître.
    Un grand Merci pour votre compétence lors de votre participation à nos concours d’attelage.
    Bel article.
    Au plaisir de vous revoir
    Cécile Les Attelages Blancois

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